Je suis vivante. A Kabul, mais vivante. Honnêtement, l’Afghanistan, c’est mieux que ce qu’on en dit à la télé.
Je suis allée a Herat la semaine dernière, un voyage frustrant, presqu’une perte de temps car on a passe 48 heures à voyager, la vaste majorité à attendre des vols retardes a l’aéroport.
Il ne fait pas bon être femme dans ce pays. C’est un cliche, mais c’est vrai. Notre groupe était compris de :
a. Deux femmes et 5 hommes, ou,
b. Deux caucasiens et 5 asiatiques, ou,
c. Trois nationaux et quatre expatries, ou,
d. Trois nord-américains et quatre sud-asiens.
Les deux filles ? Moi et une sino-américaine, couvertes toutes les deux et abandonnées par les hommes sur un banc, la migration une histoire en soi :
- je suis assise avec un collègue, male, un Sri-Lankais qui fait couleur locale. Regards mortels des locaux, migration pour m’assoir avec l’autre membre du sexe faible.
- Les deux nanas sont assises et discutent avec un collègue male assis derrière elles, un américain barbu. Regards mortel, prise deux. Les nanas de taisent et attendent l’avion avec impatience.
- Prise trois, regard mortels. Les afghans nous en veulent d’occuper un banc (oh, serait-il réservé au sexe fort ?) et un collègue national (adorable) nous avise de notre nécessaire migration vers la section des filles, un espace tout serre ou les sièges manquent, et ou un soldat-garde-chiourme dirige les afghanes comme du bétail. Lèvre mordu et commentaire acerbe ravales, nous migrons.
Je m’assois sur une marche et j’attends le vol. À cote de moi s’assoit une afghane, une femme comme moi, son tailleur superbe sous son voile qui descend jusqu'à ses chevilles. Je lui souris, elle me sourit. Elle me parle en dari, je lui réponds en anglais, on essaye de se comprendre. Pas facile, et pas la dernière fois. On dirait que les femmes d’Afghanistan sont désireuses de parler aux femmes étrangères, mais la langue est barrière, isolation. Ma frustration est grande. Si je reviens ici, je parlerai dari, pour pouvoir communiquer avec mes sœurs afghanes.
A Kabul, ma vie est un long fleuve d’ennui. On dirait que rien ne fonctionne, rien ne se peut. C’est le Liberia, Haiti, c’est l’emprisonnement du corps et de l’esprit, les repas en communautes, le bureau partage, le transport commun, l’absence de vie, de temps personnel. Plus que le voile, c’est la sensation d’être un poisson dans un bocal qui m’étouffe.
De rares moments de bonheur se font sentir, des rires autour d’une bouteille de vin clandestine, des taquineries risquées, mais l’essentiel est la, l’ennui, que j’accepte avec la philosophie d’Aldous Huxley.
Your true traveller finds boredom rather agreeable than painful.
It is the symbol of his liberty - his excessive freedom.
He accepts his boredom, when it comes, not merely philosophically, but almost with pleasure.
« Le vrai voyageur trouve l’ennui plus agreeable que douloureux.
C’est le symbole de sa liberte, de son excessive disponibilite.
Il accepte son ennui, quand il vient, non seulement avec philosophie, mais presque avec plaisir.»
Mon temps d’ennui, je le passe a lire, regarder des films, écrire. Ce qui est dur, c’est d’écrire ce que je vis ici. Se confronter a cette réalité que je trouve dure, l’écrire, c’est douloureux et vaguement pénible.
J’ai ravale une larme lorsque mon avion, en route pour Herat, a fait escale a Kandahar. Le drapeau canadien flottait haut et fort a l’aéroport, et le sentiment que cela m’a cause, la vue des avions des CAF, restent confus dans mon esprit. Un mélange de tristesse, de regret, de colère, je crois.
Je ne hais ni l’Afghanistan, ni les Afghans. Mais ce pays me remplit d’une grande tristesse qu’il me tarde d’oublier un peu en rentrant au pays.
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